lundi 21 octobre 2013

PROJET TICE : et si on s'auto(co)évaluait ?

Auto(co)évaluation, évaluation par les pairs, conscientisation de l’évaluation par l’apprenant, grille d’appréciation collective, cartographie des compétences au service d’une évaluation des compétences y compris transversales.

Les approches par projet, notamment dans le cadre des TICE, peuvent être considérés comme emblématiques des problématiques liées au sujet de l’évaluation et à ses modalités de prise en compte des compétences générales au sein des outils et des référentiels, notamment dans le cas des tâches collaboratives, qui supposent la mise en œuvre d’une intelligence collective.

La notion de projet, très présente dans l’éducation nouvelle, la pédagogie active ou encore la pédagogie de projet semble plus propice à une mise en synergie de l’ensemble des ressources de l’acteur social que des modalités d’enseignement transmissif. En effet, trois principes forts sont à la base de ces pédagogies alternatives : le développement de la citoyenneté (développement que l’on pourrait rapprocher de l’idée d’acteur social responsable), le développement de la curiosité et du tâtonnement expérimental (qui se rapproche du savoir apprendre et de la découverte heuristique), le développement de l’esprit de collaboration (qui renvoie à une dimension collective et sociale)[1].
Au sein des caractéristiques communes qu’ils présentent (cf. Brossart, 1999), l’évaluation joue un rôle central et transversal. D’une part, elle vise un ensemble de compétences qui ne sont pas seulement langagières (compétences transversales, compétences de la discipline, compétences techniques TICE dans le cas de projets numériques). D’autre part, elle consiste principalement en des pratiques d’auto et de co-évaluation à des fins de régulation de l’action. Enfin, elle poursuit un objectif réflexif, puisque les apprenants explicitent les processus de construction de leur action et de leurs apprentissages, notamment par le biais de portfolios, journaux de bord, etc.
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L’évaluation dans les projets, notamment collaboratifs, soulève ainsi des questions fondamentales et nouvelles, qui ne peuvent trouver de réponses que dans une évaluation qualitative (i.e. qui ne se fonde pas, ou pas uniquement, ou autrement, sur des standards langagiers).
Comment évaluer un travail collaboratif ? Quels critères d’évaluation retenir pour rendre compte de l’engagement des participants ? Comment valoriser les qualités personnelles des élèves ? Comment définir et évaluer les compétences transversales ?
Dans ce cadre, les apprenants, acteurs numériques, sont invités à s’engager d’une manière ou d’une autre, et cette participation, sous forme de billets, de commentaires ou de marques d’appréciation, constitue les signes d’une activité d’apprentissage collectif. La communication dépend certes de leur niveau de performance en langue, mais dans cette participation, ils vont montrer bien d’autres compétences : personnelles, plurilingues, transversales, techniques et sociales, qu’il s’agit également de prendre en compte et de valoriser. Pour ce qui nous intéresse ici, nous nous attacherons plus particulièrement aux questions liées à l’évaluation des compétences dites « générales » et à l’évaluation des projets collaboratifs.
Les TICE non seulement montrent à quel point l’apprentissage est une pratique fondamentalement sociale et qui dépasse le cadre institutionnel de la classe, mais elles supposent également de renouveler les questionnements liés à l’évaluation, dans la mesure où elles rendent visibles les pratiques d’évaluation développées par les acteurs sociaux dans leurs interactions numériques. Cela implique que l’enseignant s’interroge sur la manière dont il compte (ou non) amener les apprenants à conscientiser leurs pratiques d’évaluation quotidiennes, et à mettre à profit les savoir-faire qu’ils ont développés dans le cadre de ces pratiques numériques.
Une grille d’appréciation peut être proposée au début de l’activité, comme c’est souvent le cas pour le scénario de mission virtuelle. Elle peut être définie collectivement au fur et à mesure de l’évolution du travail collectif. Des listes de contrôles peuvent également être proposées, pour vérifier que l’on suit bien un certain déroulement.

En complément des grilles d’appréciation descriptive critériée, on peut également avoir recours à la cartographie des compétences (Scallon, 2004 : 212), d’une part pour (auto et co)évaluer les compétences construites, et, d’autre part, pour reconnaître et valoriser ces compétences,
Enfin, dans le cadre de travail par le biais de blogues éducatifs collaboratifs, ce type d’outil d’auto- et de co-évaluation permet de rendre la communauté numérique consciente de l’intérêt du travail collaboratif et des échanges interculturels. Cette cartographie va se faire tout au long du projet, selon les phases collectives permettant de discuter et de formaliser les compétences ainsi mises à jour collectivement pour la réalisation du projet.
Pour la plupart des projets collaboratifs, dont les projets TICE, il est habituel de finir par une présentation collective des produits finis. Des grilles sont alors nécessaires pour que chacun puisse évaluer le travail réalisé. L’exemple de Allard et al. (2002), permet aisément de renforcer l’évaluation sociale de manière conviviale, tout en incluant par ailleurs les aspects linguistiques par le biais des descripteurs du CECR. Il se compose de trois grilles : la grille d’autoévaluation pour chaque élève, la grille du professeur, la grille collective pour la co-évaluation. (Springer).

Qu'en serait-il pour notre projet TICE ?

Il me paraît constructif de pouvoir appliquer l'auto(co)évaluation concernant notre projet. Un climat de confiance s'installerait en lieu et place de l'interrogation et du doute. Une appréciation de notre travail à sa juste valeur (autant que faire ce peut)  nous responsabiliserait et nous permettrait d'avoir un sens critique "exigeant" puisqu'il s'agit de notre évaluation.
Les limites seraient celles de nos compétences d'apprenant. L'avis d'un expert resterait toujours nécessaire afin de nous donner une vision "haute" de ce que nous aurions pu réaliser.
Un problème non négligeable est celui de l'objectivité entre pairs. Sait-on dire à l'autre ce que l'on pense vraiment de sa prestation surtout si elle est à minima ? L'évaluation par les pairs me semble possible dans un groupe homogène quant à ses motivations tout au moins.

La cartographie est intéressante pourvu qu'on laisse à l'apprenant "le temps" pour la concevoir.



1 commentaire:

  1. Quel travail de synthèse ! Je vais vous laisser ma place, chef !

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